L’ARCHITECTE-
ÉCO
SYSTÉMISTE
NOUS EXPLORONS LE VÉGÉTAL DANS TOUTES SES DIMENSIONS. IL NOUS A MIS SUR LE CHEMIN DU BÂTIMENT COMME MÉTABOLISME. C’EST L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE QUI DEVIENT LA PROBLÉMATIQUE ESSENTIELLE.
Images Didier Ghislain
et Kaupunki
Le végétal dans l’architecture
Même s’il devient désormais chic de snober le végétal (architecture brocolis, greenwashée, aux « 22 nuances de vert »), nous restons convaincus que le végétal doit se faire la plus grande place possible en ville. Parce qu’il s’agit là d’un vrai besoin exprimé par les urbains (et pas seulement d’une mode) mais aussi parce que nous avons besoin de biodiversité et de fraîcheur. De plus en plus…
Nous explorons donc le végétal dans toutes ses dimensions : horizontale – en pleine terre ou sur les toits – et verticale. Il existe mille et une façons de faire des façades végétalisées peu onéreuses, notamment au niveau du socle… à condition d’assumer le végétal comme une façade à part entière (le végétal se substitue alors au bardage, voire au système de rafraîchissement) et d’utiliser des techniques simples de plantation (haies et grimpantes notamment). Pour les toitures, le surcoût d’une vraie végétalisation accessible est minime à l’échelle du bâtiment. A fortiori à partir du moment où le PLU exige une toiture végétalisée. Le toit peut alors devenir un potager mais aussi un solarium ou une pièce commune en plus : en réalité, la végétalisation du toit a fait redécouvrir toutes les qualités d’usage de cette 5e façade (surplomb, hauteur, calme, collectif). Rendre accessibles les toitures de nos bâtiments, dans des contextes urbains stressants et très minéraux, nous semble plus que jamais nécessaire, à la fois pour le bien-être des habitants mais aussi pour les potentiels de sociabilité que représentent ces espaces dans nos villes.
Le végétal propulseur d’une posture écosystémique
Au-delà de la toiture, le végétal nous a mis sur le chemin du bâtiment comme métabolisme. Notre travail avec Topager a été de ce point de vue très enrichissant : le végétal a cessé de n’être qu’ornemental pour devenir filtre d’eaux usées, façade sud bioclimatique, ingrédients culinaires, matière isolante ou simplement source de biodiversité.
L’introduction du végétal dans tous les plis du projet nous a amenés à considérer toutes les boucles circulaires possibles dans un projet. Le végétal nous a rendus modestes face à la matière. Nous avons fait des bâtiments BBC (à Bondy, Châtenay-Malabry…), maisons passives et autres bâtiments Bepos, hyper isolés : ce n’est plus ce que l’on a envie de faire et cette approche nous semble déjà dépassée. C’est l’économie circulaire qui devient la problématique essentielle : l’économie de la matière produite, l’anticipation de la matière déconstruite, le réemploi de la matière existante. Et cela commence bien sûr par la transformation des situations existantes : les réhabilitations.
Cycle de vie et coût global
Le projet de Mouvaux (transformation d’une cité-jardin en quartier 3e révolution industrielle) illustre précisément ce tournant pour l’agence : la transformation intervient sans démolition (ou presque), sous forme d’interventions délicates (extensions et surélévations), avec une réactivation de la figure végétale de la cité-jardin et l’introduction de toutes les boucles circulaires possibles au sein du projet. Le projet est pensé en coût global, nous permettant ainsi de sortir d’un discours simplificateur assimilant certains choix à des surcoûts : le commanditaire étant un bailleur social (Vilogia) lequel, par définition, conserve en patrimoine ce qu’il bâtit, il est directement intéressé à l’anticipation des coûts d’entretien, à la pérennité de son ouvrage et à la monétarisation de certaines externalités.